Une petite fée aux cheveux bleus nattés. Elle arbore une paire de cornes, les deux ornées à leurs bouts de différentes couleurs, preuves de son affiliation avec les plans élémentaires. Elle porte une sacoche à la ceinture, des vêtements simples et le seul ornement visible est une petite fleur faite d'un cristal lui servant de broche. D'une taille véritablement minuscule, la jeune fée a souvent le sourire aux lèvres. De longues oreilles pointues encadrent son visage, et dans son dos, sous une paire d'ailes bleutées translucides, pointe une minuscule queue de biche.
La petite fée n'a jamais connu ses parents.
Ceux-ci sont morts, lors d'une nuit froide et dangereuse, parmi les sables d'Osirion. La minuscule fée aurait pu connaître le même sort, sans l aide d'un groupe de mercenaires, qui escortait une caravane et avait dressé le camp non loin de l endroit où ses parents avaient perdu la vie.
Attirés par les cris d un bébé dans la nuit, les hommes de la Compagnie du Serpent-d'Or tombèrent sur un spectacle incongru : un arbre avait poussé au milieu des sables, tenant entre ses branches une fée beaucoup trop petite pour être un enfant, encore moins une adulte. Et au pied de l arbre, des créatures serpentines qui devoraient les restes de deux fées adultes, un homme et une femme.
Dispersant les serpents, le chef de la compagnie de mercenaires s empressé de récupérer la fée, qui tenait dans la paume de sa main. A peine quelques jours que la petite créature était venue au monde, et déjà elle perdait tout lien biologique.
Le médecin et guérisseur de l équipe fut formel: la femme avait accouché il y a peu, et les serpents furent guidés jusqu'à ce qui deviendra leur tombe, attirés par la faim, galvanisés par leur nombre. L homme seul ne put défendre sa petite famille contre la nuée, et fut vite submergé. Quant à la mère, elle venait de donner la vie, et était probablement trop affaiblie pour se battre.
Ce que personne ne parvenait à expliquer, cependant, c était la présence de l arbre en plein milieu du désert.
Contemplant la paume de sa main ou le bébé fée s était roulé en boule, le chef de la troupe, un homme au visage sévère envisagea plusieurs options. Rendre ce minuscule être au désert, la déposer à la ville la plus proche, où bien la garder et l'élever comme son propre enfant.
Son choix finit par se porter sur la dernière option. Il glissa délicatement la petite fée dans sa poche et retourna au camp, où lui et ses hommes commencèrent à se poser un tas de questions. Que faire d'un bébé ? Et encore plus, d'un bébé fée ?
La créature était si petite qu'il craignait de lui briser les jambes à chaque fois qu'il changeait ses langes ou la tenait dans sa main. La plupart du temps, il la gardait dans sa poche, mais la confiait au guérisseur de la troupe à chaque fois qu'il devait se battre.
Il lui donna le nom d'Azuryllis, inspiré par le bleu du ciel qui se reflétait dans les ailes translucides de la fée, ainsi que de la fleur résistante au froid, comme elle avait survécu à une glaciale nuit dans le désert.
La petite grandit donc parmi cette troupe de mercenaires, appelait le chef "Papa", et les autres Tonton ou Tatie, ou encore Grandpa et Mamie. C était une vie qui ne lui déplaisait pas. Elle voyageait dans la poche de son père, en sautait pour aller se cacher si les choses viraient au vinaigre, et aidait le guérisseur à panser les plaies de chacun après les batailles, acquérant ainsi de bonnes connaissances de médecine.
Néanmoins, les missions ne se passent pas toujours très bien. Lors de l'un de leurs contrats où la troupe (qui comptait moins d une dizaine de personnes), Azuryllis fut laissée à surveiller l entrée alors que les mercenaires, plus expérimentés qu'elle, entraient dans un vieux tombeau pour aller récupérer quelque vieille relique poussiéreuse. Montant la garde en s'ennuyant ferme, la fée ne vit pas le danger qui s'approchait d'elle. Ce n'est que lorsque les mâchoires du zombie se refermèrent sur son bras, quelle poussa un hurlement terrifié, et qu'elle prit conscience du danger.
Alarmés par le cri de la petite fée, les mercenaires remontèrent à la surface plus vite qu'ils n'avaient jamais couru, pour débouler devant un spectacle... étrange.
Azuryllis était perchée dans un arbre haut qui refermait ses branches sur elle pour la protéger, et un zombie semblait brûler de l intérieur en se tordant près des racines. Azuryllis semblait blessée et ses larmes coulèrent sur sa plaie, la où le zombie l'avait mordue. Lentement, mais sûrement, la plaie se refermait, alors que de la main droite tendue de la fée se dégageait une douce lueur qui, semblait-il, irradiait le mort vivant en lui causant une horrible souffrance.
A nouveau, le chef se précipita pour sauver sa fille adoptive alors que le zombie se désagrégeait en fine poussières qui se mêlait au sable. Il récupéra la fée d entre les branches de l arbre et vérifia sa plaie.
La morsure avait disparu, et la jeune fée semblait aller bien, si l'on exceptait la frayeur qu'elle avait eu. Elle hoquetait en pleurant en expliquant à son père ce qu'il s était passé, et il la rassura, en la glissant dans sa poche et frottant sa tête d un doigt, entre ses cornes.
Tiens, les pointes de ses cornes avaient changé de couleur. D'un côté bleu, et de l autre vert.
S'ensuivit alors une longue instruction de la part du savant du groupe, un vieil elfe grincheux qui ne souriait que lorsqu'il trouvait une relique magique, peu importe sa puissance. Il expliqua ce que la jeune fille féerique était, une "porte" qui servait de conduit aux forces élémentaires. Il promit également au chef de lui enseigner à maîtriser ces nouveaux pouvoirs, à condition qu'elle ne soit plus laissée seule à surveiller. Peut-être se souciait-il plus d'elle qu'il ne voulait l avouer.
Et les années passèrent, Azuryllis prenant de plus en plus part à la vie de mercenaires plutôt que de n'être qu'une petite peluche porte-bonheur qu'on trimballe dans une poche.
Mais tous les oiseaux finissent par quitter le nid, et c'est en entendant la nouvelle de la fin de la Guerre des Géants qu'elle décida de plier ses maigres bagages et de mettre les voiles pour l'île de Kortos.
Bien sur, elle était triste de quitter sa famille adoptive, aussi éclectique soit-elle. Elle se promit de leur envoyer des lettres par l intermédiaire de leur fournisseur en missions et informations, sitôt arrivée à Absalom.
Elle songeait à l'aide qu'elle allait pouvoir apporter, les plaies des héros qu'elle soignerait, les histoires fantastique de cette guerre, et ces pensées lui mirent le baume au cœur, lorsqu'elle poussa (difficilement) les portes de la guilde de Ravel.