Un homme gorille à la fourrure argentée voire blanche par endroits. Conga-Lah est une montagne de muscles trahissant peut-être une origine sauvage
"Asseyez-vous, mesdames, monsieurs ou autres entités d'origine connue de vous seules. Et laissez-vous conter l'histoire de Conga-Lah...
La première vie de Conga-Lah fut celle que vous imaginez : un gorille au dos argenté, vivant dans une forêt lointaine. Où ses seules préoccupations furent sa simple subsistance ainsi que celles des membres de sa tribu face aux menaces de son environnement. Car Conga-Lah eût la chance toute relative d'appartenir à la Forêt des Esprits, lieu aussi rassurant qu'inquiétant, où la frontière entre matériel et spirituel est aussi ténue et fragile que l'innocence d'un enfant.
Et cette frontière ne fut jamais autant chamboulée que lors de la Divine Pluie, versée par le Seigneur de Fer contre son gré. Avec fracas, un des débris de l'armure du dieu s'abattit sur l'arbre abritant notre héros et les siens, les coupant du reste du monde. Cela ne fut que plus vrai pour notre protagoniste, isolé davantage des siens que ces derniers du monde. Condamné à s'extraire par la force et les larmes de l'amas de fer qui s'était abattu sur lui, il semblait que la faim allait devenir son ultime bourreau. Non pas la soif, car Conga-Lah pouvait s'abreuver d'un liquide qu'il n'a su que plus tard être les gouttes de sang encore chaudes de Gorum.
Armé d'une force inconnue et nouvelle, Conga-Lah réussit à s'extirper de cette cage d'infortune, non sans y laisser des bleus et des plaies. Le premier courant d'air qui effleura sa fourrure tachée de snag et de crasse fut celui d'une liberté enfin retrouvée. Le second ... fut une brise glaciale qui lui gela les os. Ivres de combat, les siens s'étaient lancés dans d'inutiles conflits, révélant ainsi qu'ils hébergeaient des reliques divines aux yeux des avides de pouvoirs. Et ces mêmes avides perpétraient devant les yeux de Conga-Lah, l'odieux massacre de ceux qui refusaient de se rendre.
Encore imbibé de la rage du dieu belliqueux, Conga-Lah s'élança avec ses ultimes forces sur ses ennemis inconnus. Non pas par désir de victoire, mais seulement pour protéger ceux auxquels il a tenus toute sa vie, aussi normale voire pathétique puisse-t-elle avoir été. Hélas, malgré une peau renforcée par le contact rapproché avec l'armure du dieu déchu, notre héros s'effondra sous les assauts sans failles de ses opposants... Et rendit son ultime souffle.
Enfin, c'est ce qui aurait eu lieu si le lieu en question n'était pas la Forêt des Esprits. Peut-être émue, sans doute curieuse de voir la valeur de notre héros et de son potentiel latent, une entité inconnue donna une seconde chance à Conga-Lah. Il devint un Yaoguai, porteur de la mémoire, des espoirs mais aussi des souffrances d'une tribu que les horreurs de la guerre aurait effacée.
À son réveil, Conga-Lah était seul et perdu. Une voix résonna en lui, d'un ton espiègle :
"Il t'en est arrivé des trucs pas sympas, dis donc ! Allez, fais-moi voir ce que tu vas faire maintenant. Rends-toi vers l'Ouest, et apprends en plus sur la Pierre-Étoile. Là, t'auras peut-être la chance de devenir assez fort pour rétablir ce qui fut autrefois. Mais bon, c'est pas garanti non plus, à toi d'essayer, haha"
Une fois la voix éteinte, Conga-Lah regarda autour de lui. Cette forêt n'était plus la sienne mais il avait l'impression de pouvoir en sortir sans problème. À ses pieds, restèrent seulement un bâton auquel il greffa péniblement un des éclats de l'armure de Gorum pour en faire une arme tranchante, ainsi qu'une gourde fêlée dans laquelle il reconnut le liquide qu'il devait boire lors de son isolement forcé : un fragment liquide de l'essence du dieu mort. Se touchant la poitrine pour bien réaliser sa situation, notre héros remarqua qu'il était également devenu plus fort et résistant qu'à l'accoutumée et qu'une étincelle divine résonnait encore en lui.
D'instinct, il se rendit alors vers l'Ouest, direction Absalom."