Nephryl est un gros papillon aux couleurs sombres de la nuit. Sous les touffes de poils noir de jais, des bras et des jambes humanoïdes ressortent, bien que les extrémités et jointures gardent un aspect insectoïde. Sur sa petite tête ronde, des antennes dorées trônent sur sa chevelure en bataille. Deux billes d'or sur un fond noir forment ses yeux. Sa peau grise est marquée par un dégradé de velours noir sur ses membres et ses lèvres sont d'une teinte plus foncée que le reste de son visage. Quelques petits croissants et points ocres parsèment ses ailes charbonneuses, comme un ciel étoilé. Dans son dos, une faux rétractable y est accrochée de sorte à ne pas gêner ses mouvements.
Dans un marais lugubre du Premier Monde, où le paysage était tordu par les lois étranges de cette réalité, un essaim de papillons voletait autour d'une lanterne. Le clair de lune comme seul témoin de la scène, le nuage d'insectes mourait petit à petit sur la flamme vacillante. Lorsque le dernier s'embrasait, les cendres laissaient place à une forme plus humanoïde, une fée plus précisément. Alors que la fée ouvrait les yeux, la flamme de la lanterne s'éteignit à jamais, plongeant la scène dans un tableau gris. La fée se leva, son corps aux caractéristiques du papillon de nuit, les membres et touffes de poils aussi noir que le néant, ses grands yeux dorés comme la flammèche d'une bougie. Elle erra sans bruit dans son monde, trouva même une famille dans une communauté de fées. Pourtant, elle se sentait attirée par autre chose que ses pairs. Plus que de la curiosité, une obstination bien étrange : la mort définitive. Son engouement pour le macabre l'amena à prendre un nom bien plus sérieux que le commun des fées. Elle choisit Nephryl, , les autres fées la regardaient avec incompréhension, mais l'acceptaient tout de même.
(TW: Cadavre)
Nephryl se promena dans le marais, le brouillard suffoquant autour d'elle. Son petit corps se pose contre un tronc d'arbre tordu, dont ses feuilles semblèrent constamment mortes sur les branches, tombant et repoussant à l'infini, sans logique. Dans un soupir elle ferma les yeux, plongeant à la fois dans un rêve sombre et dans un autre plan. Comme happée à l'intérieur de la souche puis recrachée au milieu de nulle part, Nephryl se réveilla en sursaut, le souffle court et la peau recouverte de poussière. Des cris et des nuages épais l'encerclèrent, des êtres courant dans tous les sens, armes aux poings, ne remarquèrent pas la présence de la fée, trop petite parmi les débris. Le chaos ambiant ne perturbait pas Nephryl, elle fixait avec fascination la forme sans vie allongée à côté ; Comment était-il mort ? A-t-il souffert ? À quoi ressemble l'au-delà pour lui ? À quoi pensait-il lors de son dernier soupir ? Se demanda la fée. Elle tendit une main vers lui, touchant délicatement la joue froide de ce dernier. Un sentiment inconnu parcouru la petite fée... Elle ferma les yeux de l'homme et le contempla encore plusieurs minutes, cogitant sur ses questions existentielles. La bataille autour sembla perdre en intensité, un soldat remarqua la fée allongée et s'empressa de vérifier son état. Avec l'aide du soldat, Nephryl quitta les lieux et rejoindre un camp de réfugiés.
La fée observa les allers et venus de gens dans le campement, quand un mage semble notifier sa présence. Elle était une elfe, albinos de part ses caractéristiques physiques, gentille et charmante, avec un parfum singulier à base de prunes. Elle entama la conversation avec aisance et la fée accepta de partager son temps. Nephryl demanda une formation dans la magie que pratiquait cette elfe, différente que celle que connaissait la fée. La magicienne accepta avec entrain et emmena Nephryl chez elle, loin du champ de bataille. Sa professeure lui donna une première leçon singulière, un petit entrainement quotidien qui consistait à prendre une pierre dans sa main et de changer sa couleur, puis sa forme et enfin la faire léviter. Lorsque la relation entre les deux demoiselles s'approfondi suffisamment, elles échangèrent leurs noms à la place de leurs titres et partagèrent des anecdotes sur leur vie. Elle s'appelait Maëlle, c'était une elfe qui venait d'Absalom et avait fait ses classes à l'Arcanamirium, une université de magie reconnue. La magicienne s'était spécialisé dans la magie de guerre, elle n'a jamais donné ses raisons de pourquoi mais Nephryl respectait son choix. Aussi elle suivit le même chemin que Maëlle dans la magie, être parée pour la guerre lui permettrait probablement de mieux comprendre ce qu'elle a ressentie ce jour-là. Qui sait, peut-être expérimentera-t-elle sa propre mort ? Maëlle lui parla aussi de Pharasma, déesse qu'elle a prié et étudié, de son rôle dans l'univers et de son domaine dans l'après-vie. Nephryl mourrait d'envie d'en savoir plus, voire de la rencontrer en personne, ce à quoi l'elfe ria sans retenue. Elle lui répondit qu'elle transmettra le message quand elle passera devant la déesse.
Les années passèrent et l'apprentissage de Nephryl touchait à sa fin. Maëlle proposa d'aller à Absalom pour approfondir ses connaissances en la magie et en théologie, offre que la fée accepta. Cependant, la magicienne avait un devoir militaire, Nephryl n'a pas demandé à en savoir plus sur sa guerre ou pour qui elle se battait, mais voulait tout de même l'accompagner comme paiement de la dette pour la dernière fois. De nouveau sur le champ de bataille, Nephryl se trouvait dans l'arrière-garde tandis que Maëlle était au front. Quand la fée traversa les terres meurtries et en ruines, elle retrouva sa mentor gisant au sol. Cette fois, pas de décadence macabre, une simple plaie au niveau du cœur, petite et propre. Les yeux de l'elfe étaient fermés, sa peau jadis blanche et pure était devenue grisâtre et sale. Nephryl se reposa les mêmes questions existentielles qu'autrefois, sauf que cette fois-ci, un sentiment amer s'installa en elle. De la colère ? De la jalousie ? Du regret ? Restant sans réponses, la fée déplaça la main froide de l'elfe sur la plaie puis lui murmura : "Ainsi, on dirait que tu dors paisiblement. N'oublie pas de demander à la déesse ce que tu m'as promis." Finit-elle en souriant. La bataille étant terminée, Nephryl ramassa le grimoire de sa professeure et amie puis s'en alla.
En route pour Absalom, elle s'arrêta à une auberge pour une nuit. Un nain joyeux et chaleureux lui servit la pitance. Nephryl fut frappé par le goût succulent du plat. Elle s'enquiert de la recette du nain et finirent par discuter toute la nuit, de son passé, son deuil, son talent en cuisine et son objectif d'ouvrir une taverne. Une pensée la traversa alors, étant donné leur relation proche avec la mort, cela serait un sujet d'observation fascinant. Elle lui souffla l'idée de devenir aventurier afin de réunir les fonds pour son projet. Nephryl se dit que cela fera une pierre deux coups, en devenant aventurière elle pourra étudier la magie et la théologie, tout comme sa mentor.