Notre groupe flamboyant se compose de moi-même : Zenitha, la régicide de l’usurpatrice ; de Spouic, ma poupée et meilleure amie ; de Muñ, qui nous guide de sa voix féline et de sa lumière qui repousse les ténèbres ; Gelegor, machine de guerre au cœur d’or dans une main de cuivre ; de Skar'Takuss, le désempailleur de chiens et le Némésis des scorpions sans queue.
Nous avons rencontré Miknik des Griffes Crochues, émissaire d’un peuple au lignage draconique des profondeurs qui vit humblement dans les égouts de la cité. Nous avons été mandatés pour sécuriser l’intérieur d’un tombeau très ancien, qui selon les farouches bâtisseurs et recycleurs, est dit hanté. Pourtant, même eux ont eu les écailles qui tremblent en entendant une sombre prophétie dans une voix de crypte.
« Viens jouer avec nous… pour l’éternité. »
Armés de courage, les dieux en sont témoins et retiennent leur souffle, nous nous enfonçons dans les profondeurs insondables de la mort qui nous appellent.
La première salle
se révèle à nous, spacieuse et abandonnée. Il y a eu une grande
bataille ici, mais la moisissure et la poussière cachent
honteusement les affres d’une époque maintenant révolue. Sous de
grands linceuls brillent des gardiens égarés : des scarabées
de lumière. Nous voyant comme des intrus, nous les pourfendons bien
vite alors que nous nous défendons contre cette nuée aveuglante.
Pas de blessure, mais cet avertissement est clair. Ce qui se trouve
ici ne veut pas être découvert…
La seconde salle
débouche sur un royaume en perdition, où la vie n’est qu’une
ironique désillusion. Une armée d’animaux empaillés nous
submergent. On aurait dit que cela avait duré des heures,
l’affrontement a été rude et sanglant… pour nous, car l’ennemi
fait de paille avait gardé ses vraies dents. Sous les miaulement de
guerre de Muñ, Gelegor et Skar les massacrent tous.
Plus loin, l’usurpatrice et son terrible destrier. « Où est Ella ? Rendez-la nous, voleurs ! » Ces paroles emplies d’une folie triste et meurtrière ont été ses dernières. La reine marionnette finit embrochée par ma lance après qu’elle ait déchargé une émanation mortelle d’énergie démoniaque. Mon groupe me remercie fortement pour cet acte héroïque et m’offre ses meilleures potions et bandages.
Nous pensons nos
plaies comme des vétérans d’entre deux guerres avant de reprendre
la sécurisation des tréfonds obscurs et angoissant.
Remontant
un vieil escalier, marche après marche, une odeur de salvation nous
prend les sens. Au sommet, une vénérable et sage dame nous offre
des cookies. L’oracle nous appris qu’Ella était morte il y a
cinquante ans déjà, sujette à un terrible accident. La Mort avait
traversé spécifiquement un endroit, et avait embarqué l’âme de
la petite fille dans l’au-delà à bord de son chariot, laissant
son corps sans vie sur la route.
Pour son rituel annuel, la vénérable mère-grand invoque en nous les esprits des ancêtres qui étaient ses amis, et nous confie la sainte tâche de retrouver son plus vieil et estimé outil. Une arme qui dessine et raffine les frontières entre les voisinages, si puissante qu’elle promulgue paix et harmonie entre les seigneurs demeurant côtes à côtes des décennies durant.
Cependant, un des voisins avait commis la négligence de mettre cette philosophie pacifiste en péril, en scellant le divin objet dans une réserve gardé par de puissants gardiens. Au delà du mur de ronces et de végétations sauvages, Spouic observe et songe à un plan. Se faufilant dans la propriété délaissée par son maître mais pas par ses serviteurs, ma poupée que j’aime se dirige à pas feutrés vers le caveau - négligemment ouvert -, s’empara de l’artefact et retourna vers nous. C’est alors qu’une armée d’eunuques fanatiques, des scorpions sans queue à qui les pinces étaient poignantes et maléfiques, interceptèrent et attrapèrent Spouic. Un cri de détresse nous poussa à l’action, nous agîmes vite et efficacement et pénétrâmes dans les terres maudites. Gelegor et Skar, toujours synchronisés par les chants de batailles du prédateur Muñ, se battirent vaillamment alors que je libéra Spouic de l’entrave mortelle de l’écrevisse perfide et affamée géante. Nous vainquons, mais nous sommes forcés de faire retraite. En effet, d’un âge oublié et ayant goûté le sang de mille entités, la plus dangereuse créature qui patrouillait fut attirée par le bruit de la bataille. Nous partîmes, notre mission accomplie et en vie. La gloire profite aux vivants, et il n’y en a nullement, mort dans le ventre irrassasiable de la bête.
Le sécateur remis à la gardienne du voisinage, les trésors aux Griffes Crochues, l’or et la gloire à nous, légendes d’aujourd’hui.
Ma plume s'arrête ici, je n'y serai jamais arrivé sans la généreuse intervention de Kaijin : merci pour le thé à la menthe.
~Zenitha