Session d’entraînement technique et tactique
Aux premières heures du matin, j'ai reçu un message de Welby m'enjoignant de me rendre, avec d'autres recrues dans la même situation que moi, au camp d’entraînement du Fort RTFM — “Règlements et Tactiques de Formation des Mercenaires”.
La consigne était simple : revoir les bases du combat, évaluer notre coordination, et démontrer notre aptitude à progresser.
Le groupe était composé de :
Althéa, grande combattante du Nord, studieuse, apprenant actuellement le taldorien ;
Alnir, bretteur nonchalant, mais observateur, coutumier du couteau et d’une bierre matinale ;
Leyrah Von Queeny, jeune femme de noble extraction, tenue ample et maintien posé ;
Noctyne, rat-humanoïde aussi vif qu’un filin sous tension, caché sous cape et cuir ;
Et moi-même, champion de Milani.
Guidés au début par Noctyne, nous avons quitté Absalom par l’est. La route était sûre. Nous avons atteint sans incident un littoral pittoresque où nous attendait un halfelin — Hartfling, notre instructeur.
Hartfling s’est présenté sans cérémonie : martial, exigeant, impatient.
Il s’est immédiatement assuré de mesurer notre discipline en nous imposant des exercices physiques. J’ai obéi sans discuter — la rigueur est un langage que je comprends.
Certains de mes camarades ont montré des lacunes, mais l’instructeur ne s’en est pas formalisé ; son objectif était clair : identifier nos faiblesses pour mieux les corriger.
Direction la côte à l'est du fort : une longue corde suspendue au-dessus de la mer, rejoignant un arbre sur une île. Un exercice qui teste la force, l’endurance, la coordination… et le sang-froid. Il fallait y chercher un œuf, puis revenir.
Je suis parti en premier, en suspension sous la corde, progression régulière.
Noctyne m’a rapidement rejoint, évoluant en funambule.
Alnir a traversé avec une aisance presque insolente.
À environ deux tiers du trajet, j’ai aperçu un requin blanc, massif, en patrouille sous la corde. La menace était réelle.
Althéa, ciblée par la bête, a subi une blessure sévère au bas du corps lorsque la bête a bondi pour la mordre. Elle a dû se replier, correctement, pour éviter une deuxième attaque.
Arrivé à l’arbre, j’ai récupéré un œuf, puis l’ai transmis à Alnir pour le retour. Nous avons tous regagné le rivage en évitant de nouvelles attaques.
Hartfling nous a ensuite expliqué que l’exercice se fait habituellement en chaîne solidaire, ou en éliminant la menace avant la traversée. Leçon comprise.
Nous avons ensuite été conduits vers une fosse où attendaient plusieurs cages.
Dans un premier temps, trois sangliers sauvages ont été libérées simultanément. Notre groupe a tenu correctement la ligne, chacun appliquant ce qu’il sait faire. Coordination satisfaisante.
Aucune blessure critique à signaler. Combat propre.
Un second défi, bien plus dangereux, nous a été proposé.
Un minotaure a ouvert le combat par un rugissement terrifiant, suffisamment puissant pour ébranler les moins aguerris.
Malgré cela, le groupe a tenu sa position et a pu neutraliser la menace avec discipline et persévérance.
Hartfling nous a remis à chacun un certificat :
« Couille de loup — Rang 1 », à transmettre à Welby.
Le document est authentifié, preuve que nous avons validé les épreuves de base.
Un incident mineur : Alnir, excédé par les remarques de l’instructeur, a tenté de lui faire un geste insultant. Hartfling, qui ne laisse passer aucune incartade, l’a puni d’une balayette sèche et immédiate. Rien d’injuste : discipline et respect sont non négociable dans un entraînement militaire.
Hartfling est rude, direct, parfois cassant.
Mais rien n’est gratuit dans ses méthodes.
J’ai été docker pendant quinze ans : je connais les chefs qui humilient pour rien, et ceux qui durcissent pour servir.
Hartfling appartient clairement à la seconde catégorie.
Ce type de formation compte pour moi.
Je débute comme aventurier ; je sais que ma foi seule ne suffit pas.
Chaque exercice, chaque correction, chaque défi me rapproche de ce que je veux devenir :
un protecteur capable, fiable, utile — et pas un fardeau.
Le groupe a montré des forces et des faiblesses, mais la marge de progression est réelle, et l’entraînement nous a tous clarifiés sur ce qui doit être travaillé.
Je recommande que ce type de session soit renouvelé régulièrement pour les recrues.