Alyss a une apparence qui se fond facilement dans la foule. Sa petite taille, ses traits fins et son allure discrète la rendent pratiquement invisible, comme si elle était faite pour passer inaperçue. Ses cheveux roux sombres, courts et bouclés, bien que distinctifs, sont souvent cachés sous son chapeau bleu, un accessoire qui se fond parfaitement avec ses vêtements. La cape de voyage bleu à motifs ternes qu'elle porte n'attire pas le regard, et son chapeau, légèrement incliné, ajoute encore à ce côté banal.
Sa robe de lin crème, simple et fonctionnelle, et ses collants bleus n'ont rien de frappant. Ses bottes brunes sont usées, comme si elles avaient déjà parcouru de nombreux chemins. L'unique détail qui pourrait attirer l'attention, la vieille clé verdâtre autour de son cou, reste discrète, souvent cachée sous sa cape. Avec sa démarche calme et furtive, elle pourrait se fondre dans n'importe quelle foule, son apparence ordinaire et son aura réservée la faisant passer pour une simple voyageuse. Elle porte une besace de cuir en bandoulière pour compléter sa tenue. Elle n’a pas d’armes visibles, mais des bandages entourent ses mains. Elle mesure 1,55cm et pèse 47 kilos.
Mangevoix est une vision cauchemardesque, une créature qui semble tout droit sortie d’un cauchemar. Son corps est en grande partie recouvert d’une toile de jute délabrée, en lambeaux, qui se drape autour de sa tête et une partie de son torse. Cette toile semble être usée par le temps, déformée par des années de souffrance. La texture rugueuse et déchirée donne à l'ensemble un aspect étrange et dégoûtant, une hybridation entre le vivant et le macabre. Son visage, à peine perceptible sous la toile, est une abstraction terrifiante. Des excroissances sombres et tordues émergent de derrière sa tête, semblant être des ramifications métalliques ou des racines corrompues. Ses yeux, d’un rouge incandescent, brillent dans l’obscurité, renvoyant une lueur malveillante et vide, comme une porte ouverte vers l’abîme.
La gueule de Mangevoix est un autre détail repoussant : incapable de se fermer totalement, elle est garnie de plusieurs rangées de dents de métal pointues, s'entrechoquant de manière inquiétante, tandis qu'un appendice ressemblant à une langue pend en dehors de sa bouche, se mouvant lentement, tel un tentacule grotesque cherchant à toucher l’air. Ses membres sont longs, tortueux, comme des bras de marionnette, faits de métal, de bois usé et de cordes enchevêtrées. La main droite de Mangevoix se termine par trois griffes acérées, métalliques, prêtes à déchirer tout ce qu'elles rencontrent, tandis que sa main gauche semble être enveloppée dans une toile de jute qui s’étend et s’agite comme un gant grotesque maintenu en place par des cordes serrées, à la fois fragile et menaçant. Sa cage thoracique est une structure métallique sinistre, ressemblant à une cage, chaque barre qui la compose semblant enfermer un cœur battant, comme si la créature elle-même était une sorte de prison de fer, vibrante et vivante. Le tout dégage une aura menaçante, un mélange d'inconfort et de peur, comme si la créature était un épouvantail venant d’un autre monde, fait pour effrayer et détruire. Mangevoix mesure 2, 23m et pèse 86 kilos.
Alyss est une jeune invocatrice d’une grande réserve, qui préfère la compagnie de son eidolon, Mangevoix, à celle des autres. Timide et introvertie, elle trouve du réconfort dans la relation qu'elle entretient avec sa créature, une entité qu’elle considère non seulement comme un compagnon, mais aussi comme une source de soutien inébranlable. Bien qu’elle soit gentille et attentionnée, elle a du mal à exprimer ses émotions et à se connecter avec les autres, préférant la solitude et l’écoute attentive plutôt que l’interaction sociale. Alyss est fidèle et dévouée, non seulement à son eidolon, mais aussi aux principes de respect et de compréhension. Son lien avec Mangevoix est un phare de stabilité dans sa vie, et elle ressent une profonde empathie envers cette créature, qui l’accepte sans jugement. Elle a une certaine peur de l’inconnu et des conflits, cherchant souvent à éviter les confrontations et préférant se retirer plutôt que d'affronter des situations stressantes. Elle préfère bidouiller avec ses outils plutôt que de parler.
Mangevoix est une créature d'effroi, dont la violence et la terreur sont innées. Bien qu'il soit dévoué à Alyss, sa protection s'exprime souvent par des gestes brutaux, prêts à détruire quiconque menace sa maîtresse. Il n'hésite pas à user de sa puissance pour écraser ses ennemis dans une frénésie de griffes et de dents acérées, guidé par un instinct brutal de défense. Terrifiant et impitoyable, il incarne la peur et la violence, un épouvantail vivant dont la seule présence suffit à faire fuir les plus courageux.
Il ne semble calme et maîtrisé que lorsque Alyss est fusionnée avec lui, moment où une étrange symbiose s’installe entre eux. Dans cet état, Mangevoix devient plus posé, ses mouvements moins erratiques, comme si la terreur en lui était apaisée par la connexion avec sa maîtresse. Cependant, même dans cette tranquillité apparente, il reste une menace latente, prêt à se déchaîner dès qu'un danger se présente. Sa loyauté envers Alyss est sans faille, mais il demeure avant tout une force destructrice, contrôlée uniquement par son lien avec elle.
La ville de Charogne portait bien son nom : une cité morne, noyée dans une brume persistante, où même le temps semblait hésiter à avancer. C’était un lieu figé, dénué de promesses, tout comme la vie d’Alyss Rendvar, une jeune orpheline ayant grandi dans un isolement presque total. Elle était arrivée à l’orphelinat local sans fanfare ni mystère, simplement abandonnée avec une clef attachée à une cordelette usée et un morceau de parchemin jauni, où son nom était griffonné d’une encre délavée par l’humidité.
Dans l’Enchevêtrement, le quartier délabré qui l’avait vue grandir, Alyss avait connu une enfance terne, rythmée par les cours mornes de l’orphelinat et les routines austères d’une maison de charité. Dès son plus jeune âge, elle s’était découverte une fascination pour les machines, non pas par ambition ou rêve, mais parce qu’elles représentaient un échappatoire silencieux. Ses journées s’étiraient dans la monotonie : démonter et remonter de vieux jouets, réparer des objets cassés ou contempler la mécanique d’un rouage. Les machines avaient pour elle un langage simple et prévisible, bien plus rassurant que celui des gens.
Mais plus que tout, Alyss aimait dessiner. Son carnet, un vieux cahier râpé et tâché d’huile, était son trésor le plus précieux. Quand elle n’était pas plongée dans ses tâches routinières, elle passait des heures à griffonner des créatures mécaniques dans ses pages, des inventions improbables et complexes sorties tout droit de son imagination. Parmi elles, une figure revenait sans cesse : un épouvantail grotesque et cauchemardesque, entièrement fait de cordes, de plaques de métal cabossées et de bouts pointus, tranchants. Ses longs bras décharnés étaient terminés par des pinces griffues, et son visage – ou plutôt ce qui tenait lieu de visage – était une masse informe recouverte de toile de jute, sale, délabrée, avec deux yeux brillants.. Elle ne savait pas pourquoi elle dessinait cet être, mais elle s’y accrochait, presque comme si cette créature était une ombre qui veillait sur elle.
Car Alyss, dans son cœur, était profondément seule. Elle n’avait pas d’amis, ni de confident, et elle ne semblait pas s’en émouvoir. Les autres enfants la trouvaient étrange, distante. Elle n’essayait pas de se faire remarquer, et encore moins d’établir des liens. À la ferme de M. Gallet, où elle travaillait pour un maigre salaire, elle passait le plus clair de son temps dans l’ombre, à réparer des outils en silence, délaissant les conversations des employés pour le tintement du métal.
Petite, Alyss était déjà taciturne, absorbée dans un monde qu’elle seule semblait habiter. Elle ne souriait presque jamais, parlait encore moins, et préférait se réfugier dans les livres, les rêveries ou l’odeur familière du métal et de la graisse. Contrairement aux autres jeunes filles de son âge, elle ne rêvait ni d’amour, ni d’aventure, ni même d’un avenir meilleur. Elle n’aspirait à rien d’extraordinaire. Ses journées étaient une succession de tâches routinières, et cela lui convenait.
Et pourtant, sous cette façade d’indifférence, Alyss ressentait le poids écrasant de l’absence. Elle n’avait personne à qui se confier, personne qui la comprenait ou cherchait à le faire. La solitude était son unique compagne, un murmure constant dans le vide de son existence. Si elle trouvait un réconfort dans les rouages et les engrenages, c’était parce qu’eux, au moins, ne l’abandonnaient pas.
Alyss Rendvar n’avait ni dons ni particularités, ni éclat ni ambition. Elle était une personne normale, un peu rêveuse, souvent absorbée dans ses pensées, qui cherchait sa place dans ce monde.
Mais tout changea un soir d’automne.
Un incendie éclata dans la grange de M. Gallet. La fumée se leva dans l’air, sombre et dense, et les flammes engloutirent rapidement le bâtiment. Alyss, poussée par une impulsion inexplicable, courut vers la grange en feu, essayant de sauver les bêtes, les outils. Le vent hurlait, et la chaleur frappait sa peau, mais elle ne recula pas. En s’approchant trop près, une poutre enflammée se détacha et s’effondra sur elle.
Elle perdit connaissance alors que la chaleur la submergeait.
Lorsque Alyss rouvrit les yeux, ce ne fut pas la chaleur du feu qu'elle ressentit, mais une fraîcheur glacée. Autour d'elle, une brume épaisse s'était formée, noyant tout dans l’ombre. La grange,qui était auparavant en flammes, crépitante, semblait morte. Aucun bruit.
Et puis, elle le vit.
Mangevoix.
Une créature imposante, un épouvantail vivant, fait de paille et de métal rouillé. Ses bras étaient étendus vers le ciel, comme s’il attendait un signe. Son visage, une tête de faucheuse, était sculpté dans l’ombre de l'oubli, ses orbites vides fixant Alyss avec une intensité glaciale. Cette même créature qu’elle avait dessiné tant de fois, dans ses moments de solitude.
Il ne bougeait pas. Il ne parlait pas. Il n’émettait aucun son, mais sa présence… Alyss pouvait sentir quelque chose d’inexplicable, une pression dans l’air, une connexion invisible qui semblait l’attirer vers lui. Elle n’eut pas le temps de réfléchir.
D'un coup, une sensation profonde la traversa. Un frisson qui monta du fond de ses entrailles et se propagea à travers tout son corps. Elle sentit son cœur battre plus fort, sa respiration se faire plus lente, comme si le monde autour d’elle devenait de plus en plus distant, flou. Et en même temps, une étrange chaleur envahit son corps entier. Ce n’était pas une brûlure, mais une sensation vive et intense, comme si quelque chose se marquait à l’intérieur même de son enveloppe.
Elle porta instinctivement la main à son visage. Sous ses doigts, elle sentit la marque : une rune, gravée en elle, profonde et indélébile. L'éclat de la rune noircie se reflétait dans l’ombre, un lien qui se formait, invisible mais indiscutable. Le lien était là.
Sans comprendre, Alyss tourna son regard vers Mangevoix. Une rune similaire, profonde, était marquée sur son front. Les deux symboles étaient complémentaires. Elle le savait, sans avoir besoin d’explication.
Puis, sans un mot, sans un geste, quelque chose s’effondra entre eux. Ce n’était pas une explosion. Ce n’était pas un éclair de lumière. C’était une fusion silencieuse.
Le sol sous ses pieds sembla se dérober tandis que Alyss sentit une force irrésistible l'attirer vers la créature. Ses bras tremblèrent, puis se tendirent, ses doigts se fermèrent sur la paille de Mangevoix. Un frisson glacial envahit tout son corps, et un mouvement indistinct se produisit. Elle se sentit glisser, sa chair fusionnant avec la paille et le métal rouillé. La douleur de cette union silencieuse, presque imperceptible, ne dura qu’un instant. Un instant suffisant pour qu'elle comprenne.
Les deux êtres n’étaient plus séparés. Alyss et Mangevoix n’étaient plus deux entités distinctes. Ils étaient devenus un.
A l’intérieur de Mangevoix, la petite feme se sentait comme dans un cocon, en sécurité. Alyss pouvait sentir la présence de Mangevoix dans chaque respiration, chaque battement de son cœur. Le lien était tangible, il coulait en elle comme une énergie qu’elle ne pouvait ni refuser ni comprendre. Alyss savait, d’une manière instinctive, que ce n’était pas une possession. C’était une union, un pacte silencieux. Mangevoix, dans son mutisme, n’était pas un maître. Il était un partenaire, une part de son être, sans parole, sans demande. Il n'avait pas besoin de parler pour être entendu. Lorsqu’il se mit en mouvement pour sortir de la grange enfumée, elle ressentit chaque muscle se tendre, chaque cliquetis, chaque grincement de métal rouillé comme si c’était les siens. Pour la première fois depuis le début de sa vie, Alyss sourit.
En s’extirpant de la grange en feu, toujours en sécurité dans le corps de Mangevoix, la jeune fille se posa une question. Pourquoi restait-elle encore dans ce morbide village ? Elle n’y avait pas d’attache, ni d’amis. Alors que la fusion se terminait et qu’elle reprenait sa forme humaine, Mangevoix reprenant consistance à côté d’elle, coulant comme du goudron sur le sol pour se reformer à ses côtés, elle savait qu’il était temps de partir.
Elle retourna à la maison de charité où elle vivait, ramassa ses affaires, et remercia M. Gallet pour ses bons soins et ses années de travail à ses côtés.
La clef inconnue voletant autour de son cou, Mangevoix révoqué pour ne pas effrayer la population, elle se mit en route. Il y avait tant de choses à découvrir, et la sensation de danger qu’elle avait éprouvé, la sécurité de Mangevoix. Elle voulait expérimenter tout ça à nouveau.
Elle rejoint donc la ville au centre du monde, et décide de poser ses bagages à la guilde de Ravel, réputée pour accueillir tout mercenaire ou combattant ayant envie de faire ses preuves, et d’amasser un peu d’or. Peut-être y trouverait-elle finalement la place qu’elle avait tant cherché.