Un petit bout de femme albino qui arbore des cheveux clairs, de grands yeux d'une couleur lilas pâle et un joli petit minois discret. Elle porte des vêtements simples, une longue robe de couleur indigo et violacée, des bottes de voyage, et une ceinture ornée d'un insigne en forme de dragon. Pour seule arme, elle dispose d'un bâton joliment ornementé, et un gros livre est accroché à sa ceinture. Deux petites boucles d'oreilles complètent sa tenue.
La jeune femme arbore plusieurs particularités: D'abord une paire de cornes en forme d'arabesques pointe sur son crâne, surplombant deux minuscules excroissances.
Ensuite, deux grandes ailes qui s'accrochent comme une cape, rarement déployées, qui ont une couleur changeante, comme un mirage, dans des teintes pastels de bleu et de violets, parsemées de minuscules étoiles par endroits, qui semblent bouger.
Enfin, un appendice caudal terminant par une touffe de poils bleutés/violacés, qui s'enroule autour d'elle, qu'elle ne cherche pas vraiment à dissimuler.
Elle est albino.
Abandonnée sur les marches d'une loge du culte d’Apsu, Myra était une énigme dès sa naissance. Sa peau d’une pâleur spectrale, ses cornes torsadées, ses yeux luminescents et ses appendices draconiques avaient poussé ses parents à l’abandonner, redoutant qu’elle soit un présage funeste ou la marque d’une destinée hors de leur contrôle. Les membres de l'Anneau de Platine, un ordre dévoué à Apsu et à ses idéaux de sagesse et de liberté, y virent plutôt un signe des bénédictions du dieu dragon. Ainsi, au lieu d’être rejetée, elle fut accueillie comme une enfant du destin, placée sous la tutelle des érudits et des prêtres de l’ordre.
Cependant, malgré cet accueil bienveillant, Myra grandit en marge des autres enfants de l’ordre. Son apparence inhabituelle suscitait des regards curieux, parfois méfiants, et bien qu’aucun prêtre ne l’ait jamais traitée différemment, les murmures des novices et des plus jeunes ne cessaient jamais tout à fait. On chuchotait qu’elle portait en elle un sang trop proche de celui des dragons pour être une simple bénédiction, que ses yeux trop brillants cachaient un pouvoir qu’elle-même ignorait. Ces rumeurs la tinrent souvent à distance des autres, non par hostilité directe, mais par une barrière invisible qu’elle ne parvenait pas à franchir.
Plutôt que de chercher l’approbation de ses pairs, Myra se réfugia dans l’étude. Si elle ne pouvait se faire accepter par son apparence, elle prouverait sa valeur autrement. Elle s’immergea dans les textes sacrés, apprenant par cœur les enseignements d’Apsu et les doctrines de l’Anneau de Platine. Elle passait des heures dans les bibliothèques, recopiant d’anciens parchemins et étudiant la magie divine avec une rigueur qui forçait le respect. Là où d’autres élèves cherchaient à équilibrer études et camaraderie, Myra ne s’accordait aucun répit. Elle voulait être irréprochable, un exemple de discipline et de foi, comme si son savoir et sa maîtrise pouvaient combler le vide laissé par l’absence de liens sociaux.
Malgré sa solitude, une figure marqua son enfance : un vieux maître de l’ordre, un prêtre-érudit nommé Maître Valen, qui la prit sous son aile. Contrairement aux autres, il ne voyait pas en elle une anomalie, mais une enfant en quête de sens. Il comprenait que ses talents ne se limitaient pas aux capacités classiques d’un prêtre d’Apsu, et l'encouragea à développer ces aptitudes uniques qu’elle elle-même n’avait jamais comprises. Plutôt que de la traiter comme une simple élève, Maître Valen la considérait comme un mystère à déchiffrer. Il l’incita à explorer son pouvoir de manière différente, à écouter son esprit intérieur et à chercher au-delà des doctrines traditionnelles. « La foi n’est pas qu’une armure, Myra, lui disait-il souvent. C’est un souffle, une voie qui doit s’adapter au vent de ta propre existence. »
C’est au contact de Maître Valen que Myra apprit à puiser dans ses ressources psychiques, un pouvoir qu’elle ne comprenait pas pleinement. Un jour, en observant ses camarades se préparer pour une épreuve magique, elle eut l’intuition de créer un champ de protection autour d’un autre, une bulle psychique capable de bloquer une attaque, un concept impensable pour un prêtre de son niveau. Plutôt que de rejeter cette tentative comme une aberration, Maître Valen la guida, l’aidant à concentrer son esprit, à structurer son pouvoir pour qu’il puisse non seulement se protéger elle-même, mais aussi offrir une protection aux autres. Il lui expliqua que ce pouvoir n’était pas seulement une capacité magique, mais un reflet de son âme, de sa capacité à se soucier des autres, à leur accorder une part de sa propre force intérieure.
Grâce à lui, Myra apprit à maîtriser cet étrange pouvoir. Les Boucliers psychiques qu’elle créait ne ressemblaient en rien à la magie traditionnelle d'Apsu, mais ils étaient puissants, et d'une efficacité redoutable. Elle réussit à s'en servir pour protéger ses camarades dans des moments critiques, devenant ainsi une véritable source de soutien, une guerrière du cœur dans des batailles où la protection des autres était aussi importante que la victoire elle-même.
Et pourtant, malgré ces enseignements, le doute ne la quittait jamais tout à fait. Chaque regard en biais, chaque silence un peu trop long lui rappelait qu’elle n’était pas comme les autres. Elle se demandait parfois si, malgré tous ses efforts, elle serait un jour vue autrement que comme une étrangère parmi les siens.
Désormais adulte, Myra fut choisie par l'Anneau de Platine pour accomplir une mission particulière. Cette décision ne vint pas par hasard : l'ordre avait observé son dévouement sans faille et ses talents magiques qui ne se limitaient pas à la guérison, mais incluaient également une habileté grandissante dans l'art de la protection et du soutien mystique. C'était une occasion rare, une chance de prouver que ses années de solitude et de sacrifice n'étaient pas en vain. L'Ordre avait vu son potentiel et, en reconnaissance de ses efforts, l’avait envoyée auprès d’une guilde de mercenaires réputée, la guilde de Ravel, avec une mission de grande importance.
Ce choix était également un remerciement pour son rôle dans la défense d'Oppara contre les terrifiantes attaques du Sombre Appel. Myra, malgré sa jeunesse, avait démontré une maîtrise impressionnante de ses pouvoirs lors de ces batailles, utilisant sa magie pour soigner et protéger les soldats, mais aussi pour repousser les créatures invoquées par cette sombre menace. Si l’Ordre avait été prêt à lui confier une telle mission, c’était aussi parce qu’elle avait montré qu’elle pouvait œuvrer en dehors de la sphère tranquille de la loge d’Apsu et affronter des situations extrêmes.
Mais ce n'était pas sans appréhension qu'elle reçut cette mission. Elle avait toujours préféré les études et la méditation à l'action brutale d'une guerre ou d'un conflit. L'idée de rejoindre une guilde de mercenaires, même sous l'égide de l'Ordre, la rendait nerveuse. Ces hommes et ces femmes, habitués à la violence, ne seraient sans doute pas aussi enclins à l'écouter qu’un prêtre de l’Anneau. Myra se demandait si elle était prête à franchir cette étape. Serait-elle simplement une simple auxiliaire, ou pourrait-elle prouver sa valeur sur le terrain, dans un monde bien plus impitoyable que les salles froides de la bibliothèque d'Apsu ?
La missive qu’elle tenait dans ses mains était à la fois un honneur et une lourde responsabilité. Le moment était venu pour elle de faire ses preuves, non seulement auprès de l'Anneau de Platine, mais aussi devant un monde qui ne connaissait d'elle que son apparence étrange et sa nature solitaire. D’un côté, il y avait la certitude qu’elle pourrait accomplir sa mission. De l’autre, un doute persistent : dans un monde rempli de mercenaires, de belligérants et d’ambitions, pourrait-elle toujours rester fidèle à elle-même et à ses idéaux ?
Alors qu’elle franchissait les portes de la guilde de Ravel, la missive toujours dans ses mains, Myra sentit un frisson d’appréhension. Le monde extérieur était vaste, imprévisible, et pour la première fois de sa vie, elle ne savait pas ce qui l'attendait. Était-elle prête à cette nouvelle aventure ? Son cœur battait plus fort à l'idée de se confronter à des individus aussi différents de l’Ordre, à des âmes marquées par des luttes et des cicatrices qu’elle n’avait jamais connues. Mais au fond d’elle, une certitude grandissait : elle n'était plus la jeune elfe solitaire et hésitante qui avait été laissée pour compte à sa naissance.
Elle était une prêtresse d’Apsu, guidée par la sagesse et la lumière de son dieu, même si ce chemin l'amenait à des endroits sombres et inconnus.
Elle avait un but à accomplir, et peut-être, juste peut-être, ce voyage la mènerait à découvrir non seulement sa place dans ce monde, mais aussi la force de ses convictions. La quête de vérité, de sagesse et de protection n'était pas simplement l'apanage des temples et des livres. Elle résidait aussi dans les épreuves, les rencontres et les défis que seul un cœur ouvert pouvait surmonter.
Ce voyage, sa mission, était un pas de plus vers la compréhension de son propre destin, et Myra savait qu’elle devait le faire. Pas pour l’Ordre, pas pour les autres, mais pour elle-même.